Jean-Marc Roussel vous avait dit tout le bien qu'il pensait de ce trio révélé au travers d'une prestation live captée au Hertzberg Festival (épaulés pour l'occasion par un claviériste et le joueur de bugle de Frogg Café, Prog-résiste n° 41). Les revoilà déjà avec un opus studio cette fois. Etrangement, il m'a laissé le soin de chroniquer celui-ci,n'ayant, apparemment, pas retrouvé les mêmes saveurs ici. Tout profi t pour moi, car je le dis sans détour : cet opus est excellent. Et la reine, c'est la guitare. Déclinée de multiples façons : caressante, jazzy, gloutonne, énervée, rock, puissante. Rainer Lange est un fantastique guitariste qui n'oublie pas d'apporter un soin tout particulier aux sonorités de sa six-cordes. On est très loin des vomissements paroxystiques des guitar heroes adeptes de la Carvin sept cordes. D'ailleurs, il nous prouve à foison que ses racines sont à rechercher du côté des sixties/seventies : Mahavishnu Orchestra, Cream, Jimi Hendrix, Robin Trower, Jeff Beck... Derrière lui, Tihomir Lozandvski (drums) et Stefan Lange (basse) assurent une assise rythmique de premier ordre. Précise, puissante, complexe. Et ils ont bien du mérite car toutes les plages sont exécutées dans un style très en vogue à l'heure actuelle : celui des jam bands. Dès que le thème est posé, la soliste se lance dans des impros de haut vol sans que ses compères ne soient largués ou ne fassent tache. Le groupe est un modèle de cohésion. Ils sont accompagnés par Udo Gerhards (claviers) sur quatre titres et la musique gagne en richesse. La perle des perles est placée en sixième position, soit Fette beute. Cinq minutes et quarante sept secondes de pur génie. Pendant que la rythmique imprime un drive torride (le batteur est fabuleux), Reiner Lange nous gratifi e de soli tous plus émoustillants les uns que les autres. Quand arrive le dernier accord, on a envie d'une seule chose : remettre le morceau, encore, et encore, et encore... Superbe !
Alain Quaniers
Prog-résiste